Angelica Moser est une jeune femme pressée. Pressée de décrocher la lune. A 23 ans, la Zurichoise a remporté samedi soir en Pologne le titre de championne d’Europe en salle de saut à la perche. C’est son huitième podium dans un grand Championnat, pour autant de victoires !
Dire que l’étudiante en économie d’entreprise est une « gagneuse » est un euphémisme. Dans un bon jour, elle ne fait rien à moitié. La différence, en ce beau week-end athlétiquement confiné et donc sans public dans la cité méconnue de Torun, est qu’Angelica Moser s’est imposée cette fois dans la cour des grandes, chez les seniors. Ses sept titres précédents – pour autant de podiums - avait été collectés chez les jeunes. Les plus marquants étant ses victoires aux Mondiaux juniors en 2016 et aux Européens M23 en 2017 et 2019.
Le cap franchi ce week-end est important. La prodige d’Andelfingen a ajouté 10 cm à son record personnel, pour le porter à 4m75. Elle a eu des nerfs d’acier : à 4m60 puis 4m65, elle a dû s’y reprendre à trois fois pour passer. Sans cela, le podium lui filait sous le nez.
Dans un concours passionnant, marqué par l’échec de la favorite britannique Holly Bradshaw à 4m70, Angelica Moser a démontré être bien l’une des trois cheffes de file de l’athlétisme suisse. Et probablement la plus sous-estimée.
Athletissima comme marche-pied
Et si Athletissima avait joué un rôle dans son bel envol polonais ? L’été dernier, au Flon, la puissante athlète du LC Zurich avait pris la 3e place d’un concours lumineux. Dans la foulée, elle nous disait à quel point ce meeting, en période de Covid et très pauvre en compétitions, l’avait aidée à rester motivée.
Désormais, Angelica Moser a confié sa destinée athlétique au Français Damien Inocencio, sous la houlette duquel elle s’entraîne depuis février. Inocencio est l’homme qui avait mené Renaud Lavillenie au sacre olympique en 2012 à Londres. La fille de l’ancien décathlonien Severin Moser et de l’ex-athlète Monika Moser sait s’entourer des meilleurs. Pendant l’année de transition 2020, elle était conseillée par la recordwoman de Suisse et récemment en retraite des sautoirs Nicole Büchler. Auparavant, c’est l’Allemand Herbert Czingon qui l’avait propulsée vers les sommets pendant de longues années.
Mais sa force de caractère, Angelica Moser se la forge d’abord seule. Sa force physique aussi. Elle a de la dynamite dans les bras.
Olivier Petitjean