Pour être certain qu’Armand Duplantis n’a encore que 17 ans, il fallait le voir hier jouer avec sa sœur à la balançoire dans le parc accolé à l’hôtel de l’organisation du meeting. Venu se dégourdir les jambes sur les conseils de sa mère Helena, le prodige suédois enchaînait les éducatifs tout en s’amusant sur le pont de cordes et sur un alligator en bois. « On a les mêmes chez nous mais en vrai », glissait dans un sourire Helena Duplantis.
3,86 m à 10 ans
Arrivée le matin même en provenance de la Louisiane (Etats-Unis), après 16 heures de trajet, les Duplantis semblaient déjà très à l’aise à Lausanne. Il faut dire que le père, Greg, auteur de 5,80 m dans les années 90, connaît l’endroit pour y avoir déjà sauté à trois reprises. Mais c’est surtout le fils, « Mondo » pour les intimes, qui semblait comme un poisson dans l’eau. A le voir évoluer entre les journalistes et les stars de la discipline comme Sam Kendricks et Renaud Lavillenie, on ne pouvait pas penser que le garçon n’en était qu’à sa deuxième Diamond League. « Il n’a pas besoin de nos conseils, avançait Kendricks, le meilleur performeur de l’été avec 6 m. Surtout qu’il saute depuis aussi longtemps que moi. »
Auteur d’un saut à 3,86 m à seulement dix ans, Armand Duplantis est, sept ans plus tard, déjà dans la cour des grands avec ses 5,90 m réalisés le 1er avril dernier (record du monde junior). Entre temps, il a conquis le titre mondial cadets en 2015 et décroché le bronze chez les juniors l’année passée. « Ç’a été une folle année, glisse-t-il. C’est quelque chose qu’on ne peut pas vraiment prévoir. »
Un poster de Lavillenie dans sa chambre
Ce qu’on peut avancer, c’est que le garçon semble taillé dans un bois différent, proche de celui de Lavillenie, le recordman du monde et idole de jeunesse de Duplantis. « J’ai toujours été un grand fan de Renaud, avoue-t-il. C’était un exemple quand j’ai grandi. D’ailleurs, quand j’ai concouru contre lui à Eugene pour la première fois, j’avais encore un poster de lui dans ma chambre. J’ai dû le retirer depuis car je ne peux pas avoir le poster d’un concurrent sur mon mur (rires). »
Un poster que le champion olympique 2012 se souvient avoir dédicacé au jeune Duplantis : « Je le suis depuis très longtemps car on a le même fournisseur de perches, explique Lavillenie. Je le connais très bien. C’est super flatteur de voir que, depuis le temps où je suis là, il y en a qui se sont inspirés de moi et qui ont réussi à percer. C’est incroyable, ça montre que la discipline est en plein essor. »
Rendez-vous aux JO de Tokyo
Une discipline qui, avec « Mondo », voit une nouvelle perle débarquer, même si pour l’heure, il se laisse jusqu’aux Mondiaux de Londres pour voir s’il passera professionnel ou continuera son chemin à l’université. « Je pense qu’il ne faut pas banaliser sa performance (5,90 m), insiste Lavillenie. C’est quelque chose de juste extraordinaire ce qu’il a fait. Maintenant, ce qui va être intéressant, c’est de voir la continuité, voir s’il est capable de gérer des compétitions d’envergure. »
Le prodige aux airs d’Harry Potter avec ses petites lunettes rondes n’en pense pas moins. « Je n’ai que 17 ans, je ne pense pas être encore mature. Physiquement je peux m’étoffer et gagner en vitesse donc je pense qu’il y a encore beaucoup de domaines à améliorer. Tokyo (JO 2020) c’est très loin, mais j’aimerais être là-bas pour sauter pour la victoire. » `
Son apprentissage continue dès ce soir à Athletissima. Contre son idole Lavillenie, son nouveau copain Kendricks et tous les autres meilleurs perchistes du monde.